La machine contre-révolutionnaire est toujours à la manœuvre et s'active pour manipuler les élections…

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Chaque jour nous voyons s'enflammer les pages sponsorisées pour descendre en charpie Kaïs Saied, le candidat vainqueur du premier tour des Présidentielles, pour appeler à voter pour Karoui et pour encenser la candidate benaliste Abir Moussi, nostalgique de la dictature, en recommandant de voter en masse pour elle aux législatives.

Est-ce pour le bien de la Tunisie ou pour celui de ceux qui tremblent de voir s'effondrer la "mandhouma" dont ils ont été les bénéficiaires?

Difficile de ne pas voir dans ces campagnes de dénigrement, l'ombre des dictateurs déchus, idéalisés ad nauseam, comme s'il n'y avait pas d'autre alternative pour la Tunisie que d'invoquer le passé alors que l'avenir de notre pays devrait appartenir à sa jeunesse qui a promu, dès 2010, une véritable révolution via les réseaux sociaux et sur le terrain, hors des méthodes traditionnelles.

Renier et mépriser la révolution en la qualifiant de "révolution de la brouette", en la réduisant à une jacquerie, à une "révolte de gueux" qu'il serait facile de circonscrire et d'étouffer est une erreur d'appréciation et surtout une faute morale.

Elle procède d'une mentalité formatée par la dictature, incapable de se remettre en cause, de rendre justice aux opprimés même par une simple reconnaissance de leur statut de victime et ce, nonobstant toute indemnisation financière sachant que ce processus d'indemnisation, tant décrié, relève d'un procédé universel préconisé par la Commission de Venise du Conseil de l'Europe qui a accompagné notre transition démocratique post révolutionnaire avec son expertise et sa crédibilité.

Que les islamistes tunisiens aient pu abuser du bénéfice de ces indemnisations, lors de leur position dominante, ne change pas le principe du respect des véritables victimes des dictatures et nous savons tous qu'elles sont nombreuses, selon les rapports d'archives des propres services de la sécurité de l'Etat, même si beaucoup de ces documents ont opportunément disparus des administrations centrales.

C'est cette mentalité de déni qui explique la diabolisation de l'Instance Vérité et Dignité par les nostalgiques de la dictature et leur refus de toute réécriture de l'histoire qui déboulonnerait les statues de commandeur de leurs idoles.

Elle est révélatrice de l'absence de créativité pour l'élaboration d'idéologies alternatives porteuses d'un nouveau programme et d'outils novateurs capables de briser les cercles vicieux du mal développement, des déséquilibres régionaux, des inégalités sociales et économiques, de la main mise des réseaux mafieux sur l'économie tout entière notamment par la contrebande et le détournement des mécanismes de compensation censés profiter aux plus démunis.

Le renforcement post révolutionnaire de ces réseaux mafieux grâce aux complicités politiciennes, a atteint un seuil tel qu'il a ruiné le pays et bloqué toute issue, faisant exploser les activités de blanchiment de l'argent sale.

Même la lutte contre la corruption a été sciemment pervertie par une instrumentalisation politicienne et ce, dès le mandat de la Troïka, avec l'extorsion de fonds imposée aux hommes d'affaires bénéficiaires de l'ancien régime et la multiplication de pseudo-affaires en malversations, fourguées aux récalcitrants, aux fonctionnaires trop zélés ou indépendants et à toutes les malheureuses victimes des rivalités et des règlements de compte de bas étage.

Même le Pôle Judiciaire et Financier s'est trouvé sciemment noyé d'affaires afin de lui faire perdre son efficience, dans un scénario qui rappelle, paradoxalement, les pires méthodes des dictatures.

La contre-révolution est encore à la manœuvre. La confiscation par les islamistes de la révolution aussi car ce ne sont pas eux qui l'ont menée mais nos militants progressistes, nos martyrs assassinés Belaïd et Brahmi et la société civile portée par une jeunesse apolitique.

Il est donc temps de laisser s'exprimer cette jeunesse et cette société civile, de les respecter, de les écouter car c'est leur avenir qui est en jeu et non celui des seniors.

Ils sauront trouver la voie pour la Tunisie. Des élections législatives transparentes et intègres feront émerger des listes animées par la société civile, adeptes d'une démocratie de proximité qui exigera la recevabilité des élus locaux et nationaux, hors de la mentalité prédatrice qui a généralisé les passe-droits, les abus des biens sociaux, l'irresponsabilité d'élus planqués dans des listes de privilégiés de partis politiques gangrenés par le clientélisme politicien. Les prochaines élections législatives confirmeront cette tendance et balaieront les listes des partis qui ont déçu les tunisiens.

En conséquence, ne succombons pas aux pages diffamatoires spécialisées pour ruiner les réputations et gardons notre libre arbitre. Personne ne décidera pour nous. Les débats publics permettront un meilleur discernement même si il n'y a pas une marge de manœuvre réelle, nous essayerons de faire pour le mieux.

Bonne chance à la transition démocratique tunisienne !

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