Les « entrepreneurs » néolibéraux ou comment le Gouvernement néolibéral a désorganisé la vie du peuple

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Devant la promesse du bien-être individuel, le modèle néolibéral se montre tel qu’il est : un mécanisme qui expulse la majorité des gens de la vie digne.

Le néolibéralisme a vendu avec succès l’idée que l’État est un système bureaucratique qui génère des dépenses et s’oppose à la liberté individuelle. Conception valable chaque fois que la culture est organisée avec la logique patronale, qui mesure le social en termes comptables : dépense-rendement-solde.

Dans ce cas, l’éducation, la santé publique, l’aide sociale et les plans solidaires pour les secteurs vulnérables seront considérés comme une dépense superflue. En étant fidèle à sa conception du monde mercantiliste, le néolibéralisme arase les droits sociaux, privatise la santé, l’éducation publique, les espaces verts et désorganise la vie de la majorité des gens.

Ce système, en réalisant l’apologie de la liberté individuelle, allège l’État de la responsabilité sociale, opérant un déplacement vers personnes individuelles : chacun est l’entrepreneur de sa propre vie. L’État n’est pas bienfaisant ni ne doit se charger de personne et, comme l’a affirmé [l’argentin] Esteban Bullrrich quand il était Ministre de l’éducation, « il faut apprendre à vivre dans l’incertitude », ou « n’importe qui peut devenir entrepreneur et se mettre à produire de la bière ».

Grâce aux politiques néolibérales, dans le paysage urbain les « entrepreneurs » se reproduisent en dormant dans la rue, fouillant dans les poubelles et en demandant « donnez-moi quelque chose ? » Ces « personnes », exclues, rejetées du système, laissées littéralement dans la rue et en plein air, sont celles qui souffrent le plus de la méritocratie promue par le pouvoir concentré.

Elles constituent l’unique indice de croissance du désordre et montrent la vérité néolibérale sans anesthésie, sans post-vérité ni révolution de la joie [phrase marketing de campagne du Président argentin Macri] : celui qui est né pauvre continuera à l’être, « ce n’est pas pour eux, l’université », comme l’a déclaré, la gouverneur de la Province de Buenos Aires, Eugenia Vidal.

Expulsés du système, ils retournent dans la rue comme un cauchemar : ce sont des corps silencieux qui occupent l’espace public, habitent sur les places et les trottoirs. Ils laissent voir leurs manques et, bien qu’ils ne le formulent pas explicitement, ils demandent un logement, un emploi, de la nourriture, de l’attention et, fondamentalement, une reconnaissance.

C’est une tâche dans le tableau de pots à fleurs et des petites fleurs qui plaît tant à Larreta [[Horacio Rodríguez Larreta est un néoliberal argentin. Actuellement chef du gouvernement de la ville autonome de Buenos Aires], un stigmate qui montre la vie indigne, la faille dans la distribution de la démocratie néolibérale et la négation de droits pour tous, qui transforment à la vie humaine en restes jetables, des ordures.

Les ordures sont recyclées et se mettent à avoir une autre fonction, dans ce cas la mise en discipline sociale. La machine néolibérale les culpabilise, les diabolise en les traitant de feignants, dangereux et ratés, parce qu’ils n’ont pas su administrer leur vie ou qu’ils ont dépensé plus que ce qu’ils avaient.

Là où le récit du gouvernement place une mesure de succès ou d’échec personnel, la démocratie nationale et populaire souligne une signification politique, une pathologie, quelque chose qui ne marche pas, un symptôme de l’absence de l’État. Ces « entrepreneurs » montrent la vérité crue du néolibéralisme : la majorité sociale n’entre pas, elle reste dans la rue. Ces « personnes » mettent en scène une distribution qui les ignore, les laisse sans droits, et cette figure du dommage implique une faille dans la représentation.

Le gouvernement argentin de Cambiemos et son modèle néolibéral a désorganisé la vie de la majorité du peuple. Depuis 2015, les couches moyennes et les secteurs les plus humbles ont vu s’altérer leur stabilité économique acquise pendant le kirchnerisme, devant modifier leurs habitudes de consommation acquises durant cette période. Ils se sont trouvés obligés de changer leurs styles de vie et les habitudes de confort générés par un gouvernement dont la politique était orientée vers la création de travail, l’industrialisation, la consommation interne et le protectionnisme d’un État bienfaisant, solidaire avec celui sans défense.

Cambiemos a produit dans le pays un chaos d’une telle magnitude qu’il a déstabilisé l’ensemble social. La subjectivité menace les conditions basiques d’existence : le travail, les services, la location, la santé et l’éducation. Les personnes sont restées effrayées, affaiblies, sans avenir, ni projets ni de l’espoir, angoissées, déprimées, et vivant avec le poids de la faute d’un échec supposé individuel.

Le plus grand succès du néolibéralisme est d’avoir installé comme naturel un ordre qui implique une concentration de la richesse chez certains et laisser en dehors le reste, les pauvres et les plus vulnérables. Contre cette « nature » qui s’est cristallisée et a été acceptée comme normale, la démocratie nationale objecte cet ordre et cherche à distribuer le gâteau de manière dont nous en bénéficions tous. Où la gouverneur Vidal décrète un destin inévitable pour les pauvres en affirmant qu’ils « n’arrivent pas à l’université », le champ populaire croit fermement à l’égalité comme point de départ et à l’éducation comme une possibilité pour tous.

Le néolibéralisme, a affirmé l’ex-présidente Cristina Kirchner, est venu nous désorganiser la vie. Il sera nécessaire de changer le modèle, de reconstruire le pays, partie par partie et de recommencer à organiser la vie des gens.

Ce qui est en jeu dans le pays et dans la région n’est pas, comme les médias essaient de l’installer, la république vertueuse des institutions et les lois versus populace (« nous allons devenir le Venezuela »). Ce qui est en jeu, en réalité, ce sont deux modèles de république : l’une minoritaire et antipopulaire qui désorganise la vie et l’autre démocratique, populaire et inclusive qui est en faveur des institutions.

Ce modèle national et populaire prend le peuple comme fondement de la démocratie ; il ne s’oppose pas à la république mais à sa forme aristocratique, parce que si la démocratie est seulement pour certains, alors c’est un simulacre.

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