France : « Grand débat national ». « Consultation », piège à... Les dés sont pipés

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Le pouvoir macronien, affaibli, tente de reprendre la main, de lancer une contre-offensive priorisant la répression des « gilets jaunes » (mais pas seulement) et l’opération attrape-nigauds.

Confronté à des résistances « jaunes » qui ne désarment pas, à l’exaspération des salariés, des chômeurs stigmatisés, des personnels de l’Education nationale, des hôpitaux, des services publics, etc., il compte s’en sortir par une manœuvre, surmédiatisée à outrance : « cause toujours, tu vas finir par te fatiguer » ; du blablatage pour gagner du temps (les élections européennes approchent) ; tenter de circonscrire un incendie politico-social (fortement inédit), au compte-gouttes. « Pour enterrer un problème, créez une commission... » ; La formule, bien vue, appartiendrait à Clémenceau.

La profondeur de la colère populaire, la mise en cause du « système », exigent des réformes structurelles, une réorientation fiscale, des solutions sociales et démocratiques d’envergure, financées par un nouveau partage des richesses, une contribution réelle des friqués... qui le resteront, n’ayez crainte.

Sans s’attaquer au « mur de l’argent » (Jaurès), il ne peut y avoir d’issue aux demandes fortes et pressantes des classes populaires. Toucher aux riches ? Vous voulez rire, mon p’tit monsieur !!! Ils ne créeront plus d’emplois ou partiront à l’étranger. Comme si un gouvernement n’avait aucun moyen de les en empêcher ! Paroles, paroles... Triste marionnette qu’un gouvernement aux mains liées par l’argent.

Pour l’heure, il s’agit pour Macron et les siens de faire entrer, de gré ou de force, le mouvement des « gilets jaunes » (et nous tous), dans le cadre trompeur du « grand débat national » (scénariste : E. Macron) et de l’y corseter, de l’y désamorcer et réduire, en brandissant d’une main la trique et de l’autre les mots qui appâtent, qui séduisent pour mieux tromper... Celle-là, tu ne nous la fais pas, Manu !

Dans les faits, ce débat risque de vite tourner à une « affaire de militants » et déboucher au plus sur un inventaire à la Prévert ou sur une proposition de référendum décaféiné, bidon, de celles qui ne mangent pas de pain.

Le porte-parole d’un ex-Jupiter (dieu déchu jouant alternativement au « gentil » puis au « méchant ») autoritaire et insultant (à l’occasion des vœux élyséens), nous a prévenus. Pas question pour le gouvernement, à l’issue de la « grande consultation » piège, de changer de politique, de modifier le cap. Alors, « causes toujours tu m’intéresses... ».

C’est comme souffler dans un stradivarius. C’est se moquer de la poire des gens, et les prendre pour des pigeons. Les damnés de la terre ont posé la question essentielle : « la question sociale ». Elle restera centrale tant que l’on n’y répondra pas en termes de justice sociale, de réformes structurelles. Alors, non à la mascarade élyséenne et des classes dominantes !!

Qu’elles rétablissent d’abord l’impôt sur la fortune ! L’opinion publique finira par comprendre la manœuvre macronienne si nous parlons clair, si nous sommes offensifs, lisibles, visibles. Etre militant de la transformation sociale, ce n’est pas se calquer, se caler, sur le « Français moyen »... mais sur des principes, et s’appuyer sur une analyse de classe d’une situation concrète. Dixit un vieux barbu.


*Jean Ortiz est historien, journaliste, syndicaliste, maître de Conférences à l’Université de Pau, et homme politique français. Il a créé et anime depuis 1992, à Pau, le festival latinoaméricain « CulturAmérica ».

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