« Quand le pouvoir tourne en boucle »

En Tunisie, le pouvoir adore les rideaux. Plus ils sont lourds, plus ils cachent le vide derrière. La scène est réglée comme une horloge : fauteuils trop grands pour des idées trop petites, drapeau planté comme un accessoire de décor, et un discours qui revient chaque jour, comme une prière mécanique. On appelle ça « gouverner », mais c’est surtout réciter.

Le président parle, encore et encore, comme si la répétition pouvait remplacer la pensée. La cheffe du gouvernement écoute — ou fait semblant. Car ici, écouter n’est pas comprendre, c’est obéir. C’est valider le monologue du chef suprême, celui qui transforme chaque réunion en sermon, chaque phrase en dogme. On ne débat pas, on acquiesce. On ne propose pas, on attend la prochaine consigne.

Le décor est somptueux, presque monarchique, mais il sent la poussière des institutions figées. Les rideaux, lourds comme des secrets, semblent retenir leur souffle. Le collier de perles compte les minutes : une perle pour chaque promesse creuse, une perle pour chaque soupir étouffé. Et derrière ce cérémonial, une question flotte, insolente, comme un graffiti invisible sur le mur :

« Pourquoi devrais-je écouter ça chaque jour ? »

Parce que le pouvoir tunisien adore le rituel. Parce que le silence ferait peur. Parce que, dans ce théâtre, le rideau ne tombe jamais. Et nous, spectateurs forcés, continuons d’applaudir… par habitude. Ou par résignation.

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