Le Liban vers la guerre civile ?

Quand, mardi dernier, le gouvernement libanais est sorti de plus de cinq heures de consultations « extraordinaires », la seule certitude était que le Premier ministre Nawaf Salam avait démantelé l’accord préliminaire entre le président Joseph Aoun et le Hezbollah.

Salam – en poste depuis le 8 février 2025 – a ordonné à l’armée d’élaborer un plan opérationnel pour limiter le nombre d’armes en circulation dans le pays, en contournant le dialogue que de nombreuses forces politiques – dont le Hezbollah lui-même – considéraient comme indispensable. Derrière les annonces et les formalités, l’objectif est clair : obtenir le retrait total de l’arsenal du groupe politico-militaire chiite d’ici la fin de l’année.

Cette décision intervient après des semaines de pression de la part des États-Unis. L’envoyé spécial Thomas J. Barrack Jr. a présenté une « feuille de route » qui prévoit la cessation des attaques israéliennes et l’évacuation de cinq positions encore occupées au Sud-Liban en échange de l’engagement officiel de Beyrouth à désarmer le Hezbollah. Un plan qui, pour le Hezbollah, sonne comme un ultimatum : « Pour nous, cette décision n’existe tout simplement pas », a répondu le mouvement, qualifiant l’initiative de « diktat américain à une initiative au service d’Israël ».

Naim Qassem, secrétaire général du parti chiite, a déclaré : « Nous ne pouvons accepter aucun calendrier proposé dans l’ombre de l’agression israélienne, car accepter un calendrier signifie s’engager à faire quelque chose pendant que l’agression se poursuit. »

Il n’est pas nécessaire d’être un analyste pour se rendre compte des implications potentielles : si l’armée est forcée d’intervenir, elle finira par être entraînée dans une confrontation armée avec le Hezbollah, ouvrant la voie à une nouvelle guerre civile. Le pays, encore sous le feu de l’offensive israélienne de l’automne dernier, ne peut pas se permettre un nouveau conflit interne de grande ampleur.

Selon de nombreux observateurs, cependant, le plan de désarmement ne concerne pas seulement le Liban : il fait partie d’une stratégie régionale visant à affaiblir les mouvements de résistance, du Liban à l’Irak, servant en fin de compte les intérêts de Washington et de Tel-Aviv.

Beyrouth se trouve aujourd’hui déchirée entre la nécessité de rétablir la souveraineté de l’État et le risque de transformer une nouvelle crise politique en guerre interne.

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