Maux de la finance et risques pour les dépôts bancaires

Tout ça pour ça ! Quand, au lendemain de la chute de Lehman Brothers en septembre 2008, les superviseurs bancaires examinent les leçons à tirer du séisme, ils n'ont qu'un objectif en tête : plus jamais ça.

Ils veulent éviter aux Etats d'avoir à renflouer les banques avec l'argent public, renforcer les mécanismes pour protéger les déposants, et préserver un « aléa moral » qui n'exonérerait aucune banque de ses responsabilités en cas de faillite.

Depuis, ils ont imposé aux grands établissements de la planète des coussins de sécurité en capital pour absorber les chocs, les ont contraints à respecter des ratios de liquidité et de solvabilité, les ont soumis à des stress tests réguliers pour vérifier qu'ils resteraient solides face aux pires bourrasques, les ont obligés à cotiser à des fonds de secours.

Ils les ont même contraints à sortir de plusieurs métiers pour décharger leur bilan de certains risques. Bref, ils leur ont imposé un régime draconien, pour ne pas dire drastique.

Quinze ans après, la faillite de la Silicon Valley Bank montre pourtant que l'objectif n'a pas été atteint. Non seulement certaines banques, jugées comme SVB trop petites pour être systémiques, sont sorties des radars des autorités de supervision parce qu'on a commencé à baisser la garde - la loi a été assouplie par Donald Trump.

Mais les mécanismes créés à l'époque (comme la garantie des dépôts jusqu'à 250.000 dollars par déposant) se révèlent en pratique inopérants et les autorités en sont réduites à trouver des solutions inventives pour que les déposants ne soient pas lésés. Rien de mieux pour torpiller le concept d'aléa moral et déresponsabiliser à nouveau les banques. Bref, pour revenir à la case départ.

Il est encore trop tôt pour dire où la surveillance des autorités a dysfonctionné. Est-ce un manque de coordination entre superviseurs national et régional ?

La petite taille de SVB lui a-t-elle permis - après le relèvement des seuils de contrôle pour lequel s'est battu son patron auprès du Congrès - d'échapper à certaines obligations réglementaires qui auraient été bienvenues ?

Ce que nous apprend la déconfiture de SVB, c'est en tout cas que toutes les banques, qu'elles soient grandes ou petites, sont par nature systémiques, et doivent être vues comme telles par le superviseur. Mais l'urgence est pour l'heure d'éteindre l'incendie qui couve encore.

Quitte à s'asseoir temporairement sur l'aléa moral, les autorités doivent prendre des mesures plus franches que celles annoncées. Et vite, si elles veulent éviter le même genre d'engrenage qu'en 2008.

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