Qui devrions-nous suivre à la tête du pays?

Un réformateur qui nous libérera de l'impérialisme économique et des diktats de la FMI? Ou bien un réformateur qui rattrapera l'occident et rejettera la culture dégradée arabo-islamique? Ou bien un réformateur qui rejettera l'occident et restaurerait à la Tunisie sa brillance arabo-islamique? Ou bien un non réformateur mais un pragmatique qui réduirait l'inflation, ajusterait l'économie, améliorerait le système de santé et l'éducation?

Il est clair que la réponse dépend des préférences de chacun. Etant donné que la personnalité et choix du leader sont trés importants pour le futur d'un pays et indépendamment des orientationsde l’heureux élu, la majorité des électeurs chercherait un "bon leader", un homme/femme "capable de diriger", un homme/femme "fort". Mais ça veut dire quoi "fort", "capable de diriger" ... quelles sont les compétences désignant ce stratège qui nous évitera les déceptions et les promesses qui relèvent du mirage.

Indépendamment des préférences personnelles, il s'agit à mon sens d'une capacité à aligner les aspirations d'une démocratie naissante et les ambitions d'une population jeune, éduquée et ouverte sur le monde avec des moyens de productions souvent hors contrôle de l'état et un contexte géopolitique qui change rapidement.

Aligner les désirs et rêves des électeurs incarnés dans la vision du leader (potentiellement infini) avec les moyens mis à disposition douleureusement limités. Une formule difficile à digérer, encore moins à résoudre je pense.

Avec quelque arrogance, l'électorat des pays démocratiques ou les dictateurs des pays autoritaires pourrait négliger la limitations des moyens les conduisant à bourbiers et impasses qui souvent drainent les ressources à des fins impossibles ou non pertinentes, tout en déchirant le pays.

A priori, il peut sembler que j'ai complètement omis la boussole des valeurs et que j’ai décrit plus un "technocrate" qu’un politicien. Procédons ainsi par exemple: Abraham Lincoln est plus connu pour avoir déclenché la guerre civile et aboli l'esclavage aux USA. Pourtant, c'est pour préserver l'unité de la nation qu'il a déclenché la guerre. Jamais il ne se serait embarqué dans une croisade pour l'abolition de l'esclavage mais en cours de route, il a compris que l'abolition de l’esclavage était une nécessité pour gagner la guerre.

Le but ultime était donc d'unifier le pays avec une "impulsion" ou une "boussole" morale: l'abolition poursuivie uniquement dans la mesure où le but ultime est réalisé. Pourquoi pas une croisade? Parce qu'une croisade serait perçue comme une intempérance, risquerait d’aboutir à une crise politique et conduirait à la désintégratiion du pays. En somme, elle serait contraire au bon sens. De l'autre côté, sans cette "impulsion" morale, Lincoln n'aurait ni gagné la guerre ni aboli l'esclavage.

C'est donc d'un réconciliateur dont il s'agit, un "jongleur" capable d'aligner les contraires: pragmatisme et vision.

Jongler entre ces contradictions implique une compréhension du mal tout en ne l'excusant pas. Cela revient non pas à une volonté d'aplatir le terrain accidenté et défavorable mais à une volonté de l’adapter à la géographie sociale et économique, sans pour autant perdre la face en acceptant les "mauvaises géographies". C’est la capacité, sinon de trouver le positif dans le négatif du moins de rester à flot.

Loin des démagogies partisanes, des préjugés précipités, du dénigrement des candidats à tort ou à raison, le candidat idéal ne correspond pas nécessairement à notre idéal. Rappelons-nous que souvent, les fondateurs des entreprises font de mauvais CEO, qu'en dépit de leurs génie, Napoléon à détruit 90% de son armée en confondant aspirations et capabilités en Russie et César s'est permis de violenter la république à cause de ses aspirations impériales ce qui a conduit à son assassinat par les sénateurs idéalistes …

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