De la nuit de Cologne au soutien des généraux, il n’y a qu’un pas. On le franchit en enjambant les corps meurtris des militants dans les geôles d’Algérie. On le franchit car le reniement de soi a quelque chose de libérateur. Il laisse la porte ouverte à toutes les compromissions, à toutes les trahisons. Vous pouvez, ainsi, tout à la fois, vous faire porte-plume d’une dictature militaire tout demeurant celui du racisme contre les siens. Qu’importe ! Pris de l’ivresse des profondeurs du mépris, tout vous semble permis.
Bien-sûr, tout cela est sous couvert d’une pseudo-réflexion, d’un simulacre intellectuel qui ne se résume en réalité qu’à un style. Car oui Monsieur Daoud, il ne suffit pas de bien écrire pour bien réfléchir ! Combien de condamnations de sociologues, qui eux sont formés à l’analyse de la société, va-t-il falloir pour vous faire comprendre cela ?
Loin de moi l’idée d’ôter à quiconque le droit de réfléchir sur ces questions, qu’il soit initié ou pas. Seulement, lorsqu’on s’essaye sérieusement à ce genre d’exercice nous ne pouvons-nous borner à la « rationalisation » de nos ressentis et traumatismes qui semblent trouver écho dans le discours nauséabond des néo-conservateurs occidentaux. Il vous faudra au contraire, prendre du recul sur vous-même et vous armer entre autres de lectures en sciences humaines et sociales.
C’est donc à un styliste à qui je m’adresse et non à un intellectuel. Cessez vos attaques contre le Hirak ! Dans ce combat du pot de terre contre le pot de fer, épargnez-nous votre pot-pourri garni de clichés et de fausses réflexions. Occupez-vous de votre petite boutique achalandée pour les blancs. Ornez-la de vos jolies phrases creuses qui émoustillent les racistes.
Dans cette révolution, nous ne vous demandons pas d’être un Frantz Fanon, nous vous en savons incapable. Nous vous invitons seulement à détourner le regard et à nous honorer d’un silence, certes complice, mais qui vaudra toujours mieux que votre soutien actuel à la dictature.