L'aspiration la plus ultime serait de grandir collectivement comme peuple. Ça prend du temps, ça implique des efforts colossaux et des dialogues où la conflictualité oscille entre liaison et décharge sans jamais sombrer dans la violence. On ne peut faire l'économie d'un tel chemin. Toute tentative de raccourcis, tout semblant de choix intelligent porté par des Hommes désincarnés est illusoire et sans issues. Un peuple accouche de ses leaders, il ne les tire pas à la courte paille !
Pourquoi est-il si peu aisé pour les démocrates progressistes (je parle pour l'Algérie) de maitriser l'Art du récit, contrairement à d'autres sensibilités politiques et idéologiques qui le manient si bien ? Est-ce en raison de la nature profonde de l'objet de la quête démocratique ? Une quête qui se veut, pour beaucoup, proche du réel, du juste, du moral, du beau et du bon (kalos kagathos), le tout simultanément ??
Gros défis, grosse exigence pour tout un chacun et pour la quête elle-même, puisqu'elle est mue par des valeurs qui tendent vers l'autonomie, la responsabilisation et le chemin sinueux de l'accomplissement de soi, en somme vers les chemins du capacitaire au service des autres.
L'humain est davantage attiré par l'hétéronomie et le besoin de certitudes ? Il est accroché par les récits qui lui permettent de se faire envelopper par ces certitudes-là, qui l'éclairent et qui l'extirpent à ses peurs. Les charlatans, les convaincus, les faiseurs de miracles, les arrondisseurs de coins, les marchands de sable, font fortune avec lui, dans la vie comme en politique. N'en soyons pas étonnés !
Comment communiquer du rêve qui tient ? Comment dessiner un avenir qui accroche, même si quelques petites, voire de grandes marches restent à gravir ?
C'est le défi sur lequel on doit sérieusement se pencher.
Il faut écouter les peurs comme les ambitions, il faut y être attentifs et y porter respect et bienveillance.
On a de nobles ambitions, de la patience et le cœur à la bonne place et surtout de belles valeurs à partager. Bref. On a beaucoup !