J.P. Sartre, est-il d’actualité ?

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Un constat : quelques échanges avec certains amis faisant partie de mouvements politiques assez idéologisés deviennent moins fructueux et moins plaisants à mesure que les événements politiques dans le pays s’intensifient et les alliances politiciennes "bougent". Je l’ai remarqué depuis quelques années chez un nombre réduit d’anciens camarades de classe et aussi chez quelques jeunes politiciens, mais plus récemment c’est devenu assez répandu.

Sans condamner les choix individuels ; au contraire, je crois que ça vaut beaucoup mieux que ne pas s’impliquer dans les affaires publiques et de société et ne pas en assumer ses propos. Cependant, je me pose toujours la question sur les raisons de la sous-utilisation des capacités intellectuelles, rationnelles et objectives, que je connais chez-eux depuis des années.

En dehors de la conscience socialement établie dont les déterminants sont assez connus dans la littérature, mais qui s’érode par l’idéologie, je crois qu’il y a un autre aspect souvent négligé. C’est celui rattaché à l’individu. Il s’agit je pense de la relation entre ‘’Conscience’’ et ‘’Connaissance’’.

En fait, certains sont hautement diplômés, pour dire qu’ils sont dotés des instruments du raisonnement scientifique qui est en principe l’antidote de l’idéologie, ne se rendent pas compte qu’ils se permettent de défendre parfois l’indéfendable face aux évidences observées par le commun des mortels.

Ainsi des confusions improvisées marquent les propos ; confusions entre forme et fond, conjoncture et structure, méthode et objet et même entre la subjectivité, qui est l’immanence à soi, et l’objectivité qui est la conformité à la réalité. Mais, être conforme à la réalité n’a pas de sens quand il s’agit de problème de ‘’Conscience’’ et d’action sur la réalité.

Sartre, bien que semblant révolu, dans son ‘’L’être et le Néant’’ offre une belle description de ce qui est observé après une quatre-vingtaine d’années. En distinguant entre ‘’le phénomène d’être’’ et ‘’l’être du phénomène’’, argue que c’est la conscience non-réflexive qui rend la réflexion possible, et que la ‘’conscience de soi’’ est le seul mode d’existence qui soit possible pour une conscience de quelque chose. Et c’est pour cela que la ‘’conscience’’ est un être dont l’existence pose l’essence.

A défaut, on trouve chez quelques instruits des ‘’propos tranchants’’ et définitifs sur fond de détails ne touchant pas l’essence des problèmes collectifs. Ainsi, ils font migrer les lois de la connaissance qui la transcendent vers leur conscience en en limitant nécessairement la portée, en omettant ainsi qu’il peut y avoir conscience de la loi, mais non la loi de la conscience.

De cette manière, il ne serait plus surprenant de lire un haut diplômé faire l’éloge de phénomènes avec un témoignage superficiel du vécu actuel, ou de personnages à capacités d’abstractions plates, entravant le sens positif du mouvement social, ou se rattacher à des propos révolus, ou de choisir la position de ‘’subir les événements’’ plutôt que de les créer, ou aussi de militer pour ses idées réflexives, puisque subjectives.

Et c’est pour cette raison qu’il croit toujours avoir raison, même quand l’essence est perdue de vue ; ce qui serait source d’un ego développé.

Dans cette même lignée sartrienne, ne pas être conscient de son ‘’être’’, serait l’équivalent de ne pas être conscient des phénomènes et leur essence. En fait, il n’a y a pas de clivage entre l’être et le paraître, puisque l’un est expression de l’autre, même si le concerné fait preuve d’un paraître conforme aux exigences de la réalité telle qu’il la conçoit.

Ainsi, le problème de soupçon de conflit d’intérêt se réduit à un simple protocole juridique, et toute la stratégie de combat contre le covid-19 a d’ores et déjà été mise en place avant même la venue de l’actuel gouvernement, et le problème d'excuse de la France pour ses crimes contre nos grands-parents est bornée à une définition technique vidant l'histoire de son substratum, et les problèmes économiques actuels ont déjà été mentionnés depuis des années avec les meilleures solutions, etc.

Le problème est que si ces propos à socle intellectuel fragile se répandent de manière fluide dans la société, c’est que la conscience collective actuelle, bien qu’en progrès, mérite réflexion et doit être revisitée.

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