Quand l’exemplarité est réduite à du populisme !

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‘‘L'exemplarité n'est pas une façon d'influencer les autres. C'est la seule.’’
[Albert Schweitzer]

Les scandales à répétition d’abus de biens sociaux, de corruption, et de toutes formes de malversation, sont devenus aujourd’hui du pain bénit pour les dirigeants politiques et les responsables publics, à telle enseigne que le peuple s’y est progressivement habitué, et les médias en parlent sans entreprendre aucune investigation, alors que la justice est devenue de plus en plus indifférente, quand elle n’est pas conciliante.

En revanche, la droiture, l’honnêteté, la loyauté, l’équité, la modestie et la simplicité d’un homme politique ou d’un responsable public, sont devenus des comportements de plus en plus rares, voire inexistants. Paradoxalement, quand ils sont mis en évidence par les médias ou les réseaux sociaux, ils sont souvent taxés de populisme.

C’est dans ce cadre que Kaïs Saied a été pris en ‘‘infraction’’ par rapport au protocole présidentiel, quand il a été aperçu prendre son café filtre quotidien, et se coiffer chez son coiffeur coutumier.

Au-delà de quelques commentaires qui ont salué la simplicité, la proximité et la modestie du nouveau président, des critiques discourtoises ont été émises assimilant ses sorties habituelles à des manœuvres populistes.

Alors que l'exemplarité est le meilleur antidote à l’improbité, certains citoyens contestent les gouvernants scrupuleux quand ils ont le sentiment qu’ils en font trop pour enjoliver leurs vitrines, ou surtout quand les contestataires se sentent menacés dans les profits qu’ils tirent d’un système nonchalant.

Pour ma part, je considère que de telles attitudes doivent plutôt être considérées comme normales et salutaires, particulièrement quand on se réfère aux comportements quotidiens des présidents, ministres et des responsables publics de pays européens, notamment en Allemagne, en Suisse ou dans les pays scandinaves. Ces postures incarnent l’exemplarité, favorisent la transparence, et servent de référentiel comportemental à l’ensemble des citoyens.

Aussi, ne devrions-nous pas saluer et estimer ces agissements ? Nous gagnerions à encourager le Président à en faire plus, en retouchant le style protocolaire, les convois officiels, les dépenses courantes, ses émoluments, l’effectif de conseillers, l’effectif de la garde présidentielle, ce qui permettra de réduire substantiellement de budget de la Présidence de la République.

De telles attitudes de probité et de loyauté serviront d’exemples à l’ensemble des départements de l’Etat. Une réaction soucieuse des gaspillages devra en effet favoriser des tailles financières pertinentes sur leurs dépenses respectives, et aboutir in fine à une compression rationnelle du budget de l’Etat.

Une position soucieuse des malversations devra également prôner la moralisation de la vie politique et des actions publiques, pour favoriser la lutte efficace contre la corruption et toutes les formes de déprédation.

Comme dans l’entreprise, l'exemplarité d’un Chef d’Etat consiste à agir avec probité, avant de montrer la direction aux responsables publics en particulier, et à ses concitoyens en général. Il doit donc faire montre de transparence quant à l’usage de son temps et de sa production. Il doit en outre faire preuve d’humilité, en ne faisant pas semblant d’être parfait et en acceptant d’être challengé sur ses prises de position.

J’ose espérer que notre nouveau Président de la République puisse esquisser le dispositif de transparence de la vie publique. Pour ce faire, il pourra charger un de ses conseillers de dresser un état des lieux de la législation au regard notamment des règles et pratiques mises en œuvre dans les meilleurs pays sur ce plan, d’émettre des recommandations de règles applicables aux responsables publics, en matière de probité et de transparence, devant s’articuler autour de quatre axes :

1) Elaborer un code déontologique conformément auquel les responsables publics exercent leurs fonctions et selon lequel on peut prévenir les éventuels manquements.

2) Associer et informer les citoyens, pour renforcer la transparence de l'action publique et permettre à chacun de constater la probité des responsables publics.

3) Garantir le juste usage des moyens publics, en veillant à ce que les contrôles dont font l'objet les responsables publics soient adaptés, proportionnés et efficaces.

4) Bien dimensionner la sanction des manquements à l'exemplarité, afin que les comportements individuels contraires à la probité soient justement sanctionnés.

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