Dans un entretien édifiant accordé à Liberté, Abderahmane Achaibou, concessionnaire automobile et président de Elsecom group et Kia Motors Algérie, avance des chiffres qui donnent le tournis. En l'espace de 2 ans, entre 2016 et 2018, pas moins de 8 milliards de dollars ont été dépensés pour l’importation de collections CKD-SKD utilisées dans le montage des véhicules léger.
Rien que pour les 4 premiers mois de 2019, la facture était de 1,234 milliard de dollars. La quasi-totalité des hommes d'affaires qui ont bénéficié de ces 8 milliards de dollars sont aujourd'hui en prison.
Achaibou évoque sans exagération un système mafieux mis en place autour de ce business. Le grand ordonnateur de ce système est l'ancien ministre Abdesselam Bouchouareb, aujourd'hui en fuite.
Avec la complicité de Ouyahia, de Sellal, Said Bouteflika, Kouninef et Haddad, Bouchouareb dépouillaient les concessionnaires de leurs marques pour les donner aux copains. En échange de rétro-commissions.
Au cours d'un voyage en Corée du Sud, Bouchouareb ordonna aux Coréens d'enlever la concession Hyundai à Rebrab pour la confier à Tahkout sous peine de leur fermer le marché algérien.
Il en fit de même avec KIA qu'il enleva des mains de Achaibou pour la donner à Arbaoui, aujourd'hui à El Harrach. Vous savez comment les potes de Bouchouareb se partageaient le business?
Ils se retrouvaient presque tous les soirs dans la villa des Kouninef, sur les hauteurs d'Alger. Entre deux verres de Johnny Black Label et des grillades commandées à un traiteur du Val, ils faisaient et défaisaient les carrières, attribuaient les marchés et décidaient des quotas, des montants et des bénéficiaires. Autour d'une table. En avalant, une entrecôte et un double Black.
Vous vous souvenez de la scène du dîner dans le film les Intouchables de Brian de Palma, où Al Capone réunit ses principaux collaborateurs autour d'un repas somptueux avant de fracasser le crâne d'un traître avec un batte de Baseball? C'est un peu comme ça avec Bouchouareb, Said, Kouninef et consorts.
Ces types ne fracassaient pas les crânes de leurs adversaires avec des battes de baseball. Entre une entrecôte et un double Black on the rocks, ils étaient capables de ruiner des hommes d'affaires et d'en fabriquer de nouveaux presque du jour au lendemain. Pas moins de 8 milliards de dollars dans les poches de 5 à 6 gars qui se retrouvent aujourd'hui à El Harrach.