Réfléchir avant de se précipiter vers des mesures et lectures peu méthodiques

Une récente intervention du gouverneur de la Banque Centrale portant, dit-il ''programme de relance économique pour au moins profiter du rebond'', m'a interpelé. Sans que ce programme ne soit présenté, les remarques méthodologiques suivantes s'imposent :

1- Notons d'abord que toute économie passant par le creux de son cycle est attendue à reprendre sont trend habituel via (1) un rebond statistique presque spontané, et (2) un effet de la politique économique, généralement fondé sur une politique expansionniste. La différence entre les deux effets ne donne pas le primat de l'un sur l'autre car techniquement impossible de les distinguer avec exactitude dans la réalité.

2- Toutes choses égales d'ailleurs, le rebond selon l’approche des Cycles réels, est certain mais sa date est incertaine. Elle est généralement déduite de prévisions économiques sur les caractéristiques chiffrées du cycle (profondeur, sévérité, ampleur).

Attendre alors à ce que l’économie emprunte sa phase ascendante pour agir, serait peu recommandé en termes de politiques économiques car les fluctuations cycliques sont fondamentalement probabilistes et leurs prévisions sont nécessairement porteuses d'erreurs. Ni la BCT ni le Gouvernement n'ont à cet effet publié des données sur le cycle actuel en Tunisie, pourtant impératif.

3- Si les propos du gouverneur de la BCT concernaient les cycles conjoncturels, il serait vivement recommandé que la politique macro-économique (budgétaire pour le stimulus fiscal, et surtout monétaire dans le cas particulier de l’actuelle conjoncture) soient effectivement proactives, coordonnées et surtout anticycliques ; et ce pour éviter :


(1) l'éventuel ''Double Deep'', c’est à dire la succession de deux creux de cycle avant que l’économie emprunte sa phase ascendante, (l'expérience de 2012 s'insère dans ce cas), et

(2) l''effet-hystérésis'' qui est maintenant très probable, où l'évolution de l'économie fait perdre tout contrôle même si les causes directes de la récession ont été ''identifiées'' et même corrigées.

4- Si les propos du gouverneur concernaient les cycles de moyen/long termes, les réserves de change, le remboursement de la dette extérieure, les déficits et autres variables à caractère conjoncturel n’auraient pas plus d’importance que les politiques effectives de croissance et les réformes structurels évoquant les cycles de moyen/long termes et qui malheureusement ne font pas l'objet du discours officiel, si ce n'était toujours relégué au second plan. Et là, c’est une autre histoire.

Je crois qu'on n'est même pas à l'étape de choix entre diverses politiques économiques, On devrait d'abord réfléchir avant de se précipiter vers des mesures et lectures peu méthodiques, au risque de reproduire les mêmes fragilités.

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