Tunisie : Transition démocratique et prééminence de l’idéologie…

Photo

Dans un intéressant article, publié in Carnegy le 19-février-2020, intitulé ‘’La géographie de la colère en Tunisie : les inégalités régionales et la montée du populisme’’ l’auteur –Hamza Meddeb, procède à une lecture rétrospective des principales caractéristiques de la conduite de la transition en Tunisie depuis 2011.

Il en a fait le tour en mettant le doigt sur la persistance chiffrée des inégalités sociales et régionales, et le défaut de réformes structurelles nécessaires ayant mené à la propagation de la corruption. Cependant, j’aurais souhaité que certains points soient élucidés et contextualisés pour une meilleure compréhension de la dynamique de transition actuelle et ses enjeux, mais aussi pour une meilleure précision de ses conclusions.

En même temps, ce que je partage parfaitement avec l'auteur, est que la montée du populisme – dont je considère aussi qu’une partie est conjuguée avec un fascisme à symbolique domestique– est le corollaire d’un échec dans la réalisation de certains objectifs de développent.

Ainsi, le processus de démocratisation est le plus menacé que jamais. Ce faisant, j’aimerais bien apporter quelques éclairages supplémentaires à la lumière de l’expérience internationale et la littérature de l’Economie politique mais aussi de la Sociologie politique :


1. Dans toutes les transitions, aucun parti politique n’a pu gérer le pays seul : le passage, toujours difficile et à risques multiples, de l’autocratie vers la démocratie a entraîné que les acteurs politiques de l’ancien régime s’étaient désactivés volontairement ou systématiquement lors de la négociation du destin de la transition, même s’ils avaient adhéré au changement.

Les expériences montrent en fait que leur perception à l’Etat et à l’autorité sur fond d’inféodation à une hiérarchie préétablie demeure la même, et par là, se présente comme une contrainte majeure pour percevoir et envisager des réformes structurelles et innovantes.

A cet effet, il suffirait de voir toutes les publications individuelles ou collectives ainsi les programmes politiques et économiques des partis politiques à référence ‘’l’ancien régime’’. Pour les autres, j'y reviendrai. En outre, la nouvelle Elite politique tunisienne depuis 2011, semblait avoir été surprise par la chute de l’ancien régime de telle sorte que les alternatives économiques et sociales n’eussent été pas prêtes, ainsi que le positionnement épistémologique par rapport à plein de questions liées au mode social, aux valeurs, à la nature du régime politique, à la conception de l’Etat, aux relations internationales, au faux problème de continuité de l’Etat, etc.


2. Un obstacle commun à toutes les expériences vouées à l’échec (qui sont au taux d'environ 95% selon l’extraordinaire travail de Huntington (1991)) est la prééminence de l’idéologie. Cette dernière, bien sûr prise dans le sens de perte de la substance de l’individu au profit de la non-science, était, je crois, un fait saillant ayant accusé des coûts d’ajustement sociaux énormes.

Cependant, l’idéologie dans ce sens ne s’est pas élevée à hauteur de celles dominantes dans le monde. Je considère à cet effet que les mouvements de gauche ainsi que ceux de droite n’étaient pas si fidèles à leurs références idéologiques respectives.

Ceci est manifeste dans les programmes économiques et politiques présentés à la veille de toutes les élections, mais aussi dans la tendance dominante de l’ensemble de la littérature de ces mouvements en Tunisie. S’agissait-il alors de quel type d’idéologie ?

C’était simplement ‘’Politique’’ dont la configuration des protagonistes– toujours mouvante– a été initiée le lendemain des élections d’Octobre 2011 sur fond de positionnement et coalitions politiques justifiés par un composite d’argumentaires de ''logique formelle', de cause à effet'', donc fausse, aplatissant la conscience collective, divisant la société et permettant aux chercheurs de la rente de renforcer leurs dispositifs.

Je crois que c’était avec la position de A. N. Chebbi d’avoir choisi ‘’l’opposition’’ en Octobre 201, que les déraillements des partis politiques en Tunisie par rapport à leur rôle spécifique dans la transition, Ô combien traité dans la littérature et devant différer de celui hors transition, a été initié.

La coalition du mouvement de 18 Octobre 2005, s’est ainsi émiettée, dont ce qui restait de la gauche s’est dilué dans l’agenda d’un retour ‘’légal’’ et ‘’légitime’’ de l’ancien régime, annonçant ainsi une coalition contre le processus de démocratisation tel que rêvé et imagé par les jeunes tunisiens ayant été l’auteur principal du renversement Ben Ali.

Donc les prémisses de l’hypothèque de la transition ont déjà été observées depuis 2012 avec ‘’le front du Salut’’, mis en place juste après l’avortement de Casbah-II, où le processus s’est renversé de ‘’Bottom-up’’ à ‘’Top-down’’… A partir de cette coalition de 2012, le devenir de la transition fut désorienté de l'arbitrage entre différents plans de développements, à un arbitrage entre différents partenaires.

Les coalitions politiques s'étaient devenues un objectif en soi dans un contexte de déficit de confiance.


3. Dans les transitions, le rôle de l’Elite intellectuelle est déterminant. Ils soutiennent l’approfondissement de la compréhension des problèmes collectifs et se présente comme un groupe de pression contrôlant la dynamique des autres élites politiques et économiques. A défaut, toutes les déviations par rapport à un sentier de transition lisse, rapide et à moindre coûts, serait envisagées. Et c’est ça ce qui s’est passé en Tunisie.

4. Enfin, quant ''au contrat social'', je crois qu'il a été raté depuis le quartet, puisqu'une nouvelle ''clef de répartition'' de la rente sociale n'a même pas fait l'objet d'indication, pour ne pas dire qu'elle a été négligée. Ceci n'a fait que renforcer les anciens mécanismes de rechercher de la rente et la captation de l'Etat, et pousser vers plus de corruption, ce qui ne va jamais de pair avec les réformes nécessaires, surtout fiscale.

Poster commentaire - أضف تعليقا

أي تعليق مسيء خارجا عن حدود الأخلاق ولا علاقة له بالمقال سيتم حذفه
Tout commentaire injurieux et sans rapport avec l'article sera supprimé.

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات