« Spectre », J'ai Saisi La Balle Au Bond

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Parce que quoi qu’on dise on n’échappe pas à l’emprise culturelle – puissant narcotique – je me suis dépêché de piocher dans mes maigres ressources pour découvrir sur grand écran « Spectre », la vingt-quatrième aventure cinématographique de James Bond dont je suis grand aficionado. Des événements d’une telle amplitude ne peuvent être vus qu’au cinoche.

Plein les mirettes, plein les calcifs. Oh, le vilain canard !

Même si Daniel Craig reste l’incarnation la plus crédible de l’agent 007 depuis la retraite de l’indétrônable Sean Connery, ce dernier opus, à l’instar de beaucoup de ses devanciers, est un produit de grande consommation qu’on gobe, parce que c’est pour cela que nous nous déplaçons en nombre, et parce que, quelque part, James Bond symbolise le brave « petit soldat » qui nous ressemble tant !...

En réalité les Bond ne valent que par la présence sublimée du méchant et par les sculpturales Bond girls jouant les potiches libérées, certaines aussi teigneuses que le méchant lui-même. Lequel méchant, s’applique à faire du crime une œuvre d’art, rendant fou de jalousie le système qui l’a engendré comme une tumeur opportune. Comble du cynisme, un des affreux de sa gracieuse majesté, subalterne on ne peut plus zélé, n'en pouvant plus, de fatigue et d'horreur, lâche cette réplique extraordinaire : « …Si Orwell voyait ça. » !...

Sur le personnage du méchant, je trouve que ce dernier numéro claudique sérieusement. Ce n’est pas Christoph Waltz, dans le rôle de Franz Oberhauser/Ernst Stavro Blofeld, disputant à Big Brother le monopole de ses prérogatives – pure folie – qui prouve le contraire : trop mou pour empêcher le mangeur de pop-corn de cesser la mastication en emmerdant le voisinage.

Scénario à six mains, réalisé par Sam Mendes, le poncif est appuyé et les répliques ne font rire que l’inconditionnel du genre. L’histoire, puisqu’il faut en parler, se résumant à un règlement de comptes entre deux blocs d'affreux ayant pour objectif de pousser la bétaille à prendre fait et cause pour le moins glauque des deux, acceptant par le fait son statut de matière corvéable, comme disait Napoléon en son temps.

Ce n’est pas non plus Monica Bellucci, soigneusement photographiée, dans une brève apparition en veuve sicilienne, ne pouvant pas remonter l’horloge du temps, ni échapper au contrecoup du deuil d’un mari dont elle a mille fois rêvé la mort, qui me contredira. Ah, qu’elles sont implacables les aiguilles de la vieillesse marquant l’heure au quart ! Même les efforts presque charitables d’un Bond, toujours frais et disponible pour la saillie, y compris les plus improbables, ne peut éviter peur et mélancolie chez la belle... Cette fois-ci, c’est dos plaqué contre un grand miroir orné d’un cadre baroque que la dame en noir cède aux pulsions animales de notre héros fétiche, sans s’y attarder, ce qui ressemble au chant du cygne.

Que reste-t-il dans cette partition, hormis les scènes d’action, toujours aussi prenantes que léchées ? Il reste Léa Seydoux, notre french touch. Joli visage, plastique irréprochable et garde-robes mobile, très appliquée dans le rôle de Madeleine Swann, larme à fleur de paupière, mais héroïne intérieurement forte, torturée par une enfance bancale, une mère qui s’est fait la malle et un père embarqué dans du vilain, qu’elle n’a jamais vraiment connu – et pour cause ! –, mais qui l’a toujours secrètement adorée, selon des témoins dignes de foi, jouant du flingue sans vouloir en jouer, se jouant de Bond, parce qu’elle sait qu’il ne changera jamais et elle non plus, minaudant tant et plus qu’on se demande si le César glané en 2013 pour « La vie d’Adèle » et la célébrité acquise ne sont pas responsables de ce joli « fiasco ».

Vivement le prochain opus, dans deux ans, qu’on s’amuse un peu !

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