Le pied de nez et le mot manquant

Environ quatre Algériens sur cinq se sont abstenus lors des législatives du 12 juin. Avec un taux de participation de 23.03% et au moins deux wilayas de Kabylie réalisant le boycott quasi total, les protestations et condamnations ne manquent pas. Ces élections donnent une assemblée handicapée motrice. Elle n’est pas représentative.

Facteur aggravant, la physionomie de cette Assemblée est un véritable pied de nez à tous ceux qui ont pensé lors du « Hirak authentique » - oui vous l’avez bien lu- qu’il en était fini des partis-États FLN et RND et de leurs périphéries supplétives.

L’indignation et la colère consécutives à cette mascarade électorale ne semblent pas pousser à une interrogation évidente : Que faire ? Il y a bien sûr ceux qui en appellent à une reprise des manifestations hebdomadaires du Hirak. Pensent-ils surmonter le dispositif policier d’endiguement mis en place et l’impact de la répression ? Question ouverte.

Dans tous les cas, pour revendiquer quoi ? Le changement de système ? Rien ne laisse penser qu’il est sur le point de s’effondrer. Et puis pour quel système alternatif ? La critique du système en place réunit les opinions. L’union pour l’opposition et la contestation s’est réalisée. Et l’union pour la proposition ? Pas encore.

Ne faut-il pas voir là, la source du refus de toute participation aux législatives ? Il est vrai que les conditions restent à améliorer. Mais une question se pose : que revendiquer quand une Assemblée parlementaire appelée à légiférer n’est pas représentative ? L’annulation des résultats de ces élections. Or c’est actuellement le mot manquant. En effet, il est logique de demander au Conseil constitutionnel d’invalider ces résultats. Les arguments ne manquent pas. En premier lieu, le fameux article 7 : « Le peuple est la source de tout pouvoir ». Ou alors, ce gardien du droit devrait proposer une nouvelle formulation : « un cinquième du peuple suffit à exprimer sa volonté ».

Et du côté des contestataires légitimes des législatives, pourquoi ne se prononcent-ils pas pour l’annulation ? une réponse logique, l’annulation suppose l’organisation de nouvelles élections. Donc annulation et participation se conjuguent ensemble. N’est-ce pas le pas manquant dans la démarche des « Hirakistes » ?

N’est-il pas temps à la société civile de se doter des partis et organisations qui doivent leur permettre de « changer son fusil d’épaule » ? L’antimilitarisme ambiant ne doit pas empêcher d’apprendre de la stratégie militaire. Chemin de repli, changement de tactique, nouvelle concentration des forces, choix du chemin de moindre résistance … Autant de flexibilité tactique que la politique adapte à la société. Mais peut-être faut-il observer une pause pour une réflexion salutaire ?

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